Il est indispensable de marquer le site d’une volonté farouche de ne pas subir la mode, de ne pas subir une comparaison précise ou lointaine avec un site proche ou éloigné. Et pour cela, il s’impose de se laisser porter par un concept spatial et architectural. Notre programme ne cherchera pas à plaire au plus grand nombre, avec l’obligation d’énormes compromis qui glisseront inévitablement vers la compromission. Nous nous positionnons dans l’objectif exclusif de séduire une clientèle élitiste, avide de la perfection singulière, d’un concept raffiné et élaboré. Nous préférons heurter les attendus, les a priori, pour faire parler, interpeller, créer un évènement. Les règles urbaines nous imposent une modénature de la façade révélant une « intégration » au site. Cette orientation incontournable, nous amène à traduire les alignements d’altitude de devanture, de baie, les concordances verticales des axes, des percements. Et bien entendu, nous réaliserons une devanture menuisée en applique, d’une extrémité à l’autre de notre propriété commerciale et au-dessous de la corniche limitant constructivement le niveau des boutiques. Cette obligation n’aura pas raison de la volonté de nous signifier avec singularité. Nous considérons que la forme est le champ de connexions spatiales et historiques. La couleur, elle, joue un « politiquement correct » qui proposera une couleur brune, consensuelle, et en apparence immédiate, sans aspérité remarquable. Lorsque le calque de la couleur inerte s’empilera sur celui de la matérialité, et qu’en complément, des couleurs choisies se dilueront par leurs transparences, alors seulement l’intention s’incarnera et restituera l’originalité singulière de la plaque de chocolat (« Corian ») sculptée par la matrice. Des bulles d’air emprisonnées signeront l’exemplaire unique de la pièce, que le maître chocolatier aura frappé de sa griffe (« Délices des Sens » en inox passivé micro billé). C’est par le déplacement automatisé, d’un large volume de verre et de couleurs, que l’entrée invitera à la découverte de son ventre. Les parois du tube aléatoirement perforées, dévoileront une forme organique qui contiendra la chaleur environnante scénarisée par la lumière, et permettra au gré de percements de plus ou moins grandes importances de laisser apparaitre l’offre, véritables joyaux gastronomiques, découverts au hasard d’un déplacement tectonique, à l’origine de la cavité. A contre-courant de toute tendance, les vitrines évènementielles de devanture seront largement représentées. Elles auront l’immense responsabilité de capter le passage, routier et piéton. Le mouvement et la transformation s’opérera par la translation rectiligne de murs bibliothèques, suspendus dans une gorge au centre du tube. L’accueil, en charge de l’encaissement se placera au fond de l’espace, adossé à une surface verticale translucide rétro-éclairée, qui en tranchant la section du cylindre, annoncera une surface dissimulée par l’opacité, en continuité : le prolongement d’un caléidoscope. Le plafond, les murs, le sol, le haut, les côtés, le bas pourraient s’intervertir sans distinction, nous projetterons ainsi notre public dans la dimension du rêve, au moyen de passerelles symboliques, loin de la réalité…