Il est impossible de rester insensible à l’espace à vivre, affalé dans la fosse, maintenu en lévitation par la ligne verticale du tracé de cheminée sur l’essentiel mur de pierre. Ainsi l’imagination vagabonde, autorisant par fulgurance des images mentales où le lieu est revisité par des lignes de couleur et de matière qui s’affranchissent de la nature même de leur support. Le tracé posé en calque sur le dessin de charpenterie invente une symphonie de forme et de matière sans évidence, avec autant de complexité que de minimalisme.
L’éclairage tout d’abord discret, mettra en scène l’espace en portant les surfaces en réflexion et principalement « le mur de pierre ». Ainsi, il sera permis de voyager dans la pénombre au sein d’un univers en pleine et gracieuse luminosité. Pourtant au centre, pour dompter l’espace sans le voler, pendra de l’infinie hauteur du faitage un, ou plusieurs luminaires, qui signeront par leur design, la modernité de l’ambiance. Dans les coursives et distributions l’éclairage, discret et faible, toujours sur déclenchement par radar, signalera les surfaces de déplacement possible uniquement. Ce parti permettra une mise en lumière scénarisée de la « sculpture escalier » qui conduira dans les méandres de ses nervures organiques, sa chaleur, des racines de la bâtisse à sa voute étoilée.
Une folie raisonnable autorise à rêver une passerelle de liaison, entre le dernier palier et la seule chambre non desservie, libérée de tout contact, uniquement portée par les branches en mouvement de la végétation croissante de la montée d’escalier. Dans un dernier délire, et pas de trop, l’une des pousses traverse le voile de pierre ou le contourne pour maintenir dans une poignée tourmentée, le faisceau des luminaires suspendus.
Les sols de pierre en opus incertum glissent dans chaque pièce en évitant le creux douillet de la fosse, destiné à recevoir du bois sur toutes ses faces. L’angle agressif du changement de plan sera adouci par l’insertion d’une pièce massive de bois invitant au contact corporel. Les passages seront de type provisoire ou éphémère pour éviter de complexifier le tableau.
Un aménagement mobilier minimaliste et confortable, intégrera, la literie et un éclairage escamotable directionnel pour signer et personnaliser chaque chambre. Les rangements seront pensés tant pour assumer quelques livres et objets d’une proche intimité, que pour aborder les aménagements complexes des articles vestimentaires. Tablette, console, assise pourront au gré des nécessités prendre place dans l’agencement. Le jeu des pièces d’eau sacralisera la douche et le plan vasque, qui deviendront les seules pièces épurées décelables dans le volume. Les rangements et autres organes disparaîtront derrières des peaux texturées qui ne dévoileront que très discrètement leurs présences. Le paysage subira une intervention graphique où s’opposeront des lignes de tension, d’eau et de minéral afin d’établir des codes d’usages et d’esthétique visant à reconduire vers l’extérieur le plaisir intérieur.
CHALET Transformation Valloire
Architecture & Habiter