L’espace étiré en longueur offre une présence fonctionnaliste qu’il est nécessaire de conserver sur un fond plus intégré, plus raffiné. Les produits de la mer, le poisson, les crustacés, les coquillages, induisent un élément naturel impalpable, pétri de transparence, de translucidité… « l’eau ». Une onde, engloutissant les coulisses et circulations, libère des espaces intermédiaires supplémentaires pour mettre en scène sous la forme de volutes des étales lourdement chargées d’une offre abondante et généreuse. La configuration laisse entrer le public à l’intérieur en début de parcours, et rompt ainsi la trop longue et brutale ligne de confrontation entre espace public et espace privé. La disposition participative ouvre une liberté de déplacement et d’approche des produits proposés, davantage en phase avec les attendus des consommateurs actuels. Ensuite, reprend le banc suivant une configuration traditionnelle, mais influencé dans sa forme en plan, par la géométrie construite du site. L’onde initiale s’échoue sur les circulations des Halles. Derrière, entre deux vagues s’activent les poissonniers, qui préparent les commandes, d’un public attentif au spectacle. Enfin à l’extrémité, se dresse le vivier, théâtre analogique et réserve indispensable. Il représente l’ultime échantillon d’une réalité aménagée qui justifie l’installation. Les lames de verre des parois verticales, les caillebotis de plafond, les dentelles métalliques aux dessins géométriques des cloisonnements, ne sont que des prétextes pour jouer avec la lumière, créer un espace sensible inattendu, malgré les contraintes incontournables d’exploitation et de maintenance de la poissonnerie…
DURAND Poissonnerie Halles de Lyon « Paul Bocuse »
Architecture & Gourmandise